La promesse de films indépendants « sans perdre son âme »
Réalisateur aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, l’Azuréen Daniel Rabourdin se lance dans un deuxième long-métrage, une fiction d’aventure, très différente de son documentaire « La Rébellion cachée »
Produire et réaliser un film chrétien en dehors des grands circuits du cinéma, tel est le projet un peu fou dans lequel s’est lancé Daniel Rabourdin, un Français émigré aux Etats-Unis. Cinéaste hors norme, Daniel n’en est pas à son coup d’essai. On lui doit déjà « La Rébellion cachée », un docu-film de 75 minutes sur l’impitoyable répression de la révolte de la Vendée sous la Révolution française, réalisé en 2017. Cette fois, il s’est lancé dans un long-métrage de fiction, un film d’aventures façon Indiana Jones, mais avec des acteurs adolescents, et qui s’affiche chrétien. Les Azuréens pourront en avoir un avant-goût ce vendredi 15 septembre à 19h lors de la projection du « prototype » d’une demi-heure à Notre-Dame de Valcluse, près d’Auribeau et de Grasse. Ce sera aussi l’occasion de rencontrer le réalisateur, qui a grandi au Cannet.
Un pré-film d’une demi-heure projeté le 15 septembre à Valcluse
-Pourquoi ce projet de film « Promesse » ?
-J’y pense depuis des années. Après la noirceur du génocide révolutionnaire contre la Vendée, je voulais du soleil. J’avais très envie de faire un film d’aventures, façon Indiana Jones, mais avec des ados, et avec une dimension chrétienne. Les jeunes méritent qu’on leur propose quelque chose de plus intéressant que ce qu’ils voient tous les jours, un idéal qui les fasse vibrer.
-Quel est le scénario ?
-Max, un jeune Américain de Louisiane, rejette sa tradition et sa foi. Il part en France à la recherche de son grand-père et d’une
mystérieuse couronne chrétienne recherchée par des sorciers vaudous aux sombres desseins. Le vaudou est encore pratiqué par une partie de la population en Louisiane. Poursuivi, Max se fait des alliés au sein d’un groupe de jeunes Français, et il trouve la force de faire face dans sa foi et dans la découverte de l’idéal scout.
-Où en est le film ?
-Nous avons tourné des séquences et monté un pré-film d’une demi-heure, tourné en partie dans les bayous en Louisiane, et en partie en France dans le Var. Nous organisons des projections pour le montrer. Je recrute des acteurs bénévoles, des techniciens qui puissent m’aider, et je cherche des financements.
-Combien d’argent vous faut-il ?
-Un film, ça coûte cher. Le budget final est estimé à 3,7 millions de dollars, ce qui n’est pas beaucoup pour un long-métrage. Dans l’immédiat, il faudrait 300000 dollars en 2024 pour la rédaction du script et la promotion du projet avec un grand acteur
-Quel grand acteur ?
-On n’en est pas encore là, mais j’ai des contacts à Hollywood, où il existe de grands professionnels chrétiens, comme Jim Caviezel ou Mark Wahlberg.
-Comment trouver cet argent ?
-Il y a environ 10000 paroisses en France. Le pays compte 150000 scouts catholiques, sans compter de très nombreux anciens scouts. Et sans parler des Etats-Unis. Si seulement une partie de ce public se mobilise, l’objectif est tout à fait atteignable. Nous avons lancé une campagne d’appel à financement sur plusieurs sites Internet de crowdfunding : Ulule, Credofunding, Crowdfund.news… Nous avons déjà récolté plusieurs dizaines de milliers d’euros. On va continuer.
Le pré-film (un prototype ou preuve de concept) d’une demi-heure sera projeté ce vendredi 15 septembre 2023 à 19h à Notre-Dame-de-Valcluse, 1014 route de Grasse, 06810 Auribeau-sur-Siagne. Entrée libre et gratuite.
Trouver de l’argent pour des longs-métrages qui se veulent chrétiens
-Qu’est-ce qu’un film chrétien ? Pour quel public ?
-Un film chrétien, c’est un film qui mette en valeur le message chrétien. Mais je veux faire un long-métrage d’aventures « 100% divertissement », qui soit attractif pour tout le monde. Pas un film publicitaire, ni didactique ou ennuyeux.
-Est-ce difficile de faire un film chrétien ?
-C’est difficile de trouver des professionnels qui soient dans un esprit chrétien, et qui n’altèrent pas le message. Les chrétiens ont perdu leur place dans les métiers de la culture. Peu d’entre eux aujourd’hui écrivent de façon moderne. Combien y a-t-il d’influenceurs chrétiens sur les réseaux sociaux ?
Être catholique et ne pas s’en cacher n’est pas très bien vu dans les milieux artistiques, dans les écoles d’audiovisuel, mais aussi dans les médias. C’est également difficile d’obtenir des subventions. Il faut se plier au politiquement correct. Le catholicisme est souvent décrié et ridiculisé. Mais il faut être présent au cinéma, sur Internet et sur les nouveaux médias.
-Rébellion a été vu par combien de spectateurs ?
-J’estime environ 8000 en France, et 200000 aux Etats-Unis à travers EWTN qui l’a aussi diffusé.
-Comment l’aviez-vous financé ?
-Avec mes économies, avec des dons et avec le financement participatif sur Internet. Mais pour Promesse, la cible peut être plus large, le budget à réunir est plus important et il faut mobiliser davantage. Il faudrait qu’il y ait une communauté derrière le film pour le soutenir. Quinze mille personnes, ce serait bien.
On peut trouver le DVD de La Rébellion sur plusieurs sites Internet, entre 20 et 30 euros.
Pour contribuer au projet
-on peut aussi envoyer un don (non défiscalisable) par chèque adressé à « Association Legenda » à Association Legenda, 15 chemin de la Croix, Plascassier, 06130 Grasse
-on peut effectuer un don défiscalisable. Daniel Rabourdin travaille à remettre en ligne le site et sa page « Je fais un don ». En attendant, on peut le contacter : daniel.rabourdin@gmail.com
-on peut également candidater pour jouer un rôle ou être figurant(e) bénévole
Prochaine initiation au travail d’acteur ce 24 septembre
Daniel Rabourdin propose régulièrement des initiations pratiques d’un, deux ou trois jours au métier d’acteur, qui peuvent aussi permettre de déceler des talents et de l’aider à recruter des bénévoles pour ses films. L’une de ces initiations a réuni 7 participants, pour la plupart des jeunes, le week-end des 2 et 3 septembre 2023 à Notre-Dame-de-Valcluse près d’Auribeau et Grasse. Durant deux journées, Maélie, Stéphanie, Priscille, Denis, Pascal-Marie et quelques autres se sont essayés avec bonheur à l’improvisation, à l’apprentissage d’un rôle, et au jeu devant
une caméra sous la direction du réalisateur franco-américain.
Une nouvelle journée d’initiation est ouverte à toutes et à tous ce 24 septembre à Notre-Dame-de-Valcluse. Il y a une douzaine de places.
Renseignements : daniel.rabourdin@gmail.com 07 80 29 63 94
Daniel Rabourdin, le parcours hors-norme d’un Canettan
Né dans une famille catholique du Cannet il y a 60 ans, Daniel Rabourdin est « issu d’un milieu simple ». Il se rend seul à la messe dès 9 ans. Il découvre Saint-Thomas d’Aquin à 16 ans « à travers le livre ‘‘Pour qu’Il règne’’ de Jean Ousset ». Dès lors, il n’hésite plus à protester en classe face à des professeurs quand il estime qu’ils endoctrinent les élèves, et il fonde un club de philosophie en classe de première au lycée Carnot de Cannes.
Il passe aussi « de belles années » chez les Scouts d’Europe.
Il fait ensuite des études supérieures à la Faculté libre de philosophie comparée à Paris, avant d’effectuer son service militaire
Le réalisateur (avec l’écharpe) lors du tournage de « La Rébellion cachée » (DR)
en Allemagne, puis de s’inscrire en DESS d’économie. Un stage d’été à Nice-Matin à Grasse lui donne le goût du journalisme, mais on lui conseille plutôt l’audio-visuel.
Sa commune est jumelée à la ville américaine de Lafayette, en Louisiane. Il apprend qu’il existe des bourses pour effectuer des études aux Etats-Unis. Le Rotary-club lui en accorde notamment une. A 24 ans, le voilà immigrant dans le Nouveau-Monde.
Après des études à l’Université Southwestern Louisiana de Lafayette, puis à San Francisco en Californie, il revient en Europe comme enseignant à European Media Studies à Bruxelles (devenu ensuite l’institut de journalisme Robert Schuman), une école destinée à former des journalistes catholiques.
Au sein de la plus grande chaîne de TV chrétienne du monde
Il finit par repartir aux Etats-Unis, à San Francisco, où il galère avant de rencontrer le père Fessio, fondateur d’Ignatius Press, une maison d’édition catholique, qui le recommande à Mère Angelica, fondatrice de EWTN, la plus grande télévision catholique des Etats-Unis. Il y travaille dix-huit ans essentiellement comme comme réalisateur de documentaires chrétiens. Durant quelques-unes de ces années, EWTN l’envoie réaliser des sujets sur des thèmes chrétiens en France, à la suite d’un accord avec Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon.
Daniel finit par quitter EWTN dans les années 2010 afin de tourner son propre premier long-métrage, « La Rébellion cachée » consacré à la sanglante répression de la révolte vendéenne par l’armée révolutionnaire française. Il n’a pas hésité à y investir ses économies, et même sa maison.
Un Award d’argent au festival de cinéma de Houston
Le film a été récompensé par l’Award d’argent des documentaires du festival du film de Houston.