Les mille et une aventures entre Orient et Occident d’une talentueuse Azuréenne
Dans son premier livre, Fanny Balian conte avec verve et érudition l’incroyable odyssée autour du monde de Marcara, un Arménien de Perse nommé à la Compagnie française des Indes après avoir été présenté à Louis XIV
Quel est donc cet Arménien du Roi-Soleil ? Qui est ce Marcara que nul ne connaît plus aujourd’hui, et dont on ignore jusqu’au visage ? De son vrai nom Martiros fils de Markar, originaire de la province perse d’Avanj, il a bel et bien existé et son odyssée à travers le globe a de quoi fasciner.
Issu d’une grande famille de la communauté arménienne déportée dans l’empire perse, Marcara marche dans les pas de son père commerçant. Sa famille part finalement s’installer en Inde après avoir assisté à l’exécution publique d’un boulanger et d’un rôtisseur empalé et rôti vivant après avoir été accusés d’escroquerie.
Réduit en esclavage
Aimanté par les lumières de l’Europe classique, Marcara part y tenter sa chance. Il s’embarque en homme libre, mais c’est en esclave que ce chrétien d’Orient débarque à Livourne après la capture de son navire par un galion italien.
Son rachat par un Arménien de Livourne lui permet de reprendre le commerce. Mais il est victime d’une escroquerie, et jeté à nouveau en prison.
Sauvé par un cardinal
Cette fois, il doit sa libération à un cardinal français, qui lui conseille de se mettre sous la protection de Louis XIV et d’oeuvrer pour la Compagnie française des Indes. Il y fonde un comptoir et cumule les succès jusqu’à ce que sa route soit encore semée de terribles embûches. ll faudra des années et toute sa ténacité pour s’en sortir
et achever sa vie dans sa terre d’adoption, la France, marié à une jeune Parisienne. Mais il ne sera jamais indemnisé.
Ce voyageur polyglotte et infatigable nous emmène bourlinguer de la Perse aux Indes, des Indes en Europe, et de Madagascar au Brésil. A son côté durant ses aventures, le lecteur découvre les grandeurs et tribulations du Grand siècle, mais surtout de multiples facettes et subtilités de l’Orient.
Fanny Balian, une jeune autrice saint-andréenne passionnée par ses racines arméniennes
Fanny Balian les décrit avec beaucoup de finesse et d’une plume alerte trempée dans une impressionnante érudition.
Cette jeune native de Nice a choisi un nom d’autrice arménien en hommage à son arrière-grand-mère. Non contente d’épingler à son palmarès deux masters de philosophie à la Sorbonne, elle a passé une licence d’arménien à Langues O (l’actuelle Inalco), et travaille à présent sur un doctorat d’histoire… tout en préparant une nouvelle biographie.
A l’image du sultan des mille et une nuits, et certainement comme Louis XIV, on trépigne d’impatience de connaître la fin des aventures du héros Marcara… mais aussi les prochaines pages et étapes de sa talentueuse autrice (Photo dencreetdazur.org : l’autrice Fanny Balian)
« L’Arménien du Roi Soleil – Marcara, le destin d’un oriental au service de la Compagnie française des Indes », par Fanny Balian, éditions Temporis, 468 pages, 21,50 euros