Cagnes : 10000 réunis dans l’USC mais l’amicale San Peire punie ?

Cagnes : l’union (sportive) fait la force mais sans la rame

Trente-neuf sur quarante. La municipalité avait frôlé le carton plein en obtenant le regroupement de 39 des 40 associations sportives de la commune au sein de la nouvelle Union sportive de Cagnes. Un beau projet collectif au service des clubs et des Cagnois concrétisé grâce à l’idée et à l’opiniâtreté de l’adjoint municipal aux sports André Rihan. Mais au cours du dernier conseil municipal, des remous sont apparus au grand jour. La municipalité a en effet privé une association cagnoise de sa subvention annuelle de 12000 euros, et a refusé de mettre à sa disposition du matériel pour deux événements, parce qu’elle a refusé d’intégrer la nouvelle US Cagnes. Les clubs étaient-ils vraiment libres d’y adhérer ou non, dans la mesure où ils risquaient de perdre leur subvention ? Et la municipalité était-elle en droit de leur couper les vivres ?

 Ce sont finalement les deux questions de fond soulevées par l’intervention du conseiller municipal d’opposition Philippe Touzeau-Ménoni, qui a une fois de plus mis les pieds dans le plat.

39 des 40 associations sportives de Cagnes unies dans la nouvelle US Cagnes. Sans l’Amicale San Peire qui refuse de s’y joindre, ce qui lui a valu de perdre sa subvention municipale de 12000€.

La belle réalisation de la nouvelle US Cagnes

Lors de ce conseil municipal du 24 mars 2023, le principal sujet à l’ordre du jour était le budget communal 2023, qui comporte notamment les orientations général de la politique de la municipalité, et les subventions accordées aux associations.
Le maire Louis Nègre en a profité pour mettre en avant les actions de la municipalité en faveur des sports. Et il s’est félicité de l’USC nouvelle version qui « unit 10000 sportifs cagnois » et qui double quasiment le nombre de clubs adhérents. Ne dit-on pas que l’union fait la force ?
« Une fois de plus, Cagnes innove », s’est réjoui le premier magistrat de la commune : avec cette union, et en créant un conseil sportif qui pourra «  accompagner la municipalité dans la définition de la politique sportive cagnoise ». Louis Nègre a donné l’exemple de la centrale d’achats qui permettra d’avoir des maillots moins cher.
Jusque-là, à ce conseil municipal, le consensus paraissait établi autour de cette belle réalisation sportive.

Les rameurs de la San Peire privés de 12000 €

Le grain de sable est venu d’un des conseillers municipaux d’opposition de l’Union pour Cagnes, Philippe Touzeau-Ménoni : « Le conseil sportif, c’est une très bonne chose. Mais pourquoi cette nouvelle US Cagnes ? Y avait-il des choses à revoir dans l’ancien système des sports à Cagnes ? Comment la municipalité a-t-elle pu priver une de ces associations de sa subvention de fonctionnement parce qu’elle refusait d’adhérer à la nouvelle USC ? Monsieur le maire, pourquoi ne répondez-vous pas quand le président de cette association demande à vous voir et à vous parler ? Pourquoi faut-il absolument qu’il entre à l’USC et pourquoi lui tordre le bras ? Ça s’apparente à un délit de sale gueule, c’est de la mesquinerie, ce ne sont pas des méthodes M.le maire », s’est enflammé l’opposant. Cette association, c’est la San Peire, et son président, c’est Marcel Montiel, en séjour à l’étranger avec sa famille en ce moment.

« Un seul n’a pas compris »
Malgré son ton très posé, la réponse d’André Rihan, l’adjoint au maire délégué aux sports, n’a pas été de nature à calmer le match : « Nous avons passé beaucoup de temps à écouter et à expliquer. De tous les présidents de club, un seul n’a pas compris. Est-ce qu’il ne sait pas lire ? Je n’en sais rien », a-t-il commencé. Et c’est là qu’on l’a entendu dire que le président de la San Peire allait adhérer.
Stupeur de Philippe Touzeau-Ménoni.
« Politique de bas niveau »
La riposte de la majorité municipale ne s’est pas fait attendre. En soutien à André Rihan et au maire, c’est d’abord la conseillère municipale de la majorité Carine Papy qui est montée au créneau, suivie par l’adjointe Rosette Germano, avant que Louis Nègre déclare lui-même : « Les présidents ont été volontaires pour être dans la nouvelle USC, la meilleure preuve est qu’il y en a un qui est resté dehors. M.Touzeau-Ménoni, vous faites de la politique de bas niveau, vous défendez les gens qui ne veulent pas, vous défendez des intérêts particuliers au mépris de l’intérêt général. Pourquoi la quasi-totalité des présidents des clubs ont dit oui ? Ils sont stupides ? Ils cachent quelques chose dans leurs placards ? »
« La San Peire n’a jamais dit qu’elle aller adhérer »
On a alors vu Philippe Touzeau-Ménoni se lever et lancer en montrant son téléphone portable : « Marcel Montiel, le président de la San Peire, vient de me répondre par sms : il répète qu’il n’a jamais dit qu’il allait adhérer à l’USC ». Nouveau rebondissement.
« Manifestation annulée » et « retombées perdues pour Cagnes »
Bien décidé à défendre le morceau, c’est en maillot des rameurs de la San Peire que Philippe Touzeau-Ménoni, qui rame régulièrement au sein de l’association, a repris la parole un peu plus tard : « Privée de sa subvention annuelle de 12000 euros par la municipalité, la San Peire a dû renoncer à accueillir la 3e manche du championnat de France de rame traditionnelle le 23 avril prochain. C’est autant de retombées économiques en moins. Dommage pour Cagnes, à l’heure où on se réjouit des retombées d’événements comme le jumping  ! » a-t-il conclu.
Soutien, mais sans les 12000 euros
« Merci à la San Peire que la municipalité soutient », a conclu Laurence Trastour, fidèle soutien du maire, en tenant à rendre hommage à l’association qui organise aussi les fêtes de Stella Maris et de la Saint-Pierre (pour lesquelles la subvention de 5000 euros à la San Peire a, elle, été maintenue).
Soutien donc. Mais sans les 12000 euros de subvention annuelle de fonctionnement. N’est-ce pourtant pas Saint-Pierre (San Peire) qui tient les clés du paradis ?

Marcel Montiel (San Peire) : "Non, nous n'adhèrerons pas"

Non, « la San Peire n’est pas sur le point d’adhérer à la nouvelle Union sportive de Cagnes. Dire ça en conseil municipal, c’est mentir ! », martèle Marcel Montiel ce samedi 25 mars 2023 au téléphone depuis la Thaïlande où il séjourne en ce moment en famille. « Nous n’adhérons pas à la nouvelle USC, la municipalité le sait très bien, puisque je l’ai redit dans un mail que j’ai envoyé la veille du conseil municipal au maire, au 1er adjoint et à l’adjoint aux sports », précise le président de la San Peire, le club de rame traditionnelle du Cros-de-Cagnes.
« La San Peire punie »
« La municipalité punit la San Peire en lui refusant cette année la subvention de 12000 euros que la commune versait à l’association depuis des années, subvention qui avait déjà été réduite de 15000 à 12000 euros depuis les dernières élections municipales. Elle punit aussi la San Peire en lui refusant le matériel que nous avions demandé pour

pouvoir recevoir à Cagnes la 3e manche du championnat de France de rame traditionnelle le 23 avril prochain, et pour pouvoir organiser notre traditionnel Défi inter-entreprises du 11 juin prochain.
« 60000 euros de retombées économiques perdues pour Cagnes »
Cette décision de la municipalité de Cagnes prive également les commerces cagnois de 60000 euros de retombées économiques », poursuit-il.
Les deux courriers adressés le 8 mars à la San Peire par l’adjoint au maire délégué aux animations et manifestations Richard Leman précisent en toutes lettres que ce refus de matériel est motivé par le refus de la San Peire d’adhérer à l’USC.
« Résultat : nous avons dû dire à la fédération française de rame traditionnelle que la 3e manche ne pourrait pas avoir lieu à Cagnes, enchaîne Marcel Montiel. Nous avons demandé à la commune de Théoule si elle pouvait accueillir la 3e manche mais les délais étaient trop courts. Cette manche aura donc lieu dans les Bouches-du-Rhône, à Martigues ».
« Discrimination et pressions intolérables »
« C’est de la discrimination, ce sont des pressions intolérables sur des clubs et des associations indépendantes ! L’argent que le maire nous refuse, ce n’est pas son argent, il n’en est pas propriétaire, il ne peut pas en disposer selon son seul bon vouloir, c’est l’argent des citoyens cagnois ! C’est une entorse à la démocratie », clame Marcel Montiel.
« La San Peire oeuvre pour l’intérêt général »
Louis Nègre parle d’intérêts particuliers ? « Il oublie que la commune est bien heureuse qu’on organise les fêtes de Stella Maris et de la Saint-Pierre, rétorque Marcel Montiel. Moi je ne gagne rien en étant président de la San Peire, ça me coûte plutôt ! Je le fais pour l’intérêt général. Et en plus M.Rihan demande en plein conseil municipal si je sais lire ? Là, c’est fini, que M.Nègre fasse ce qu’il veut avec son M.Rihan. La San Peire n’adhèrera pas si elle ne veut pas adhérer. »

Maintenant, que va faire la San Peire ?

-Stella Maris et la Saint-Pierre maintenus : La seule subvention que la municipalité accorde à la San Peire pour 2023, ce sont les 5000 euros pour organiser les fêtes traditionnelles de Stella Maris et de la Saint-Pierre, comme chaque année.
« Compte tenu des décisions de la municipalité contre la San Peire, une partie de notre bureau voulait annuler Stella Maris et la Saint-Pierre, mais j’ai insisté pour qu’elles soient maintenues », ajoute toutefois Marcel Montiel.
-Peut-être un recours juridique : « Nous allons examiner si un recours juridique est possible ».
-Trouver des sponsors : « Nous allons chercher des sponsors. Je ne veux plus que l’association dépende autant financièrement des collectivités locales ».
-Une réunion avec les rameurs : « Ce lundi 27 mars 2023, nous organisons une réunion avec les compétiteurs pour parler de tout ça. »

Pourquoi la San Peire ne veut pas adhérer à l’USC

Les explications données par Marcel Montiel : 
« Dorénavant, chaque club fera sa propre demande de subvention, son bilan sera vérifié par un expert-comptable. Or c’est ce que la San Peire fait déjà. »
-« On a déjà une fédération. Pourquoi avoir une autre instance au-dessus ? On n’a pas eu de réponse sauf la mutualisation des moyens et la centrale d’achat pour les T-shirts par exemple. Mais ça, on pouvait le faire collectivement sans une nouvelle USC. »
-« On nous a expliqué aussi que cela permettrait un conseil du sport qui se réunirait 3 fois par an. Mais ça encore on pouvait le faire collectivement sans une nouvelle USC. »
-« Et puis la rame et le foot, par exemple, quoi de commun ? On ne comprend toujours pas. »
-« La San Peire organise les fêtes de Stella Maris et de la saint-Pierre qui sont des fêtes religieuses. Or l’article 7 des statuts de la nouvelle USC interdit toute manifestation ou discussion présentant un caractère politique ou religieux ».

André Rihan, adjoint aux sports : "Nous leur tendons la main"

D’où est venue cette idée de regrouper tous les clubs dans une USC nouvelle version ? Ce n’était pas dans le programme de Louis Nègre pour les élections municipales ?
-André Rihan : Non, l’idée est venue de moi. Quand j’ai été nommé adjoint aux sports, j’ai réalisé un audit auprès des clubs pendant la crise Covid. J’ai reçu une quinzaine de lettres sur les problèmes d’un certain nombre de clubs. J’ai organisé une réunion avec les clubs. Je me suis rendu compte qu’ils ne se connaissaient pas vraiment. Je leur ai proposé de se rassembler. Il y a eu un engouement. J’en ai parlé au maire et je l’ai convaincu.
-Quel genre de problèmes ?
-A.R. :
Des problèmes de toutes sortes
-Peut-on en savoir plus ?
-A.R. : Ce qui est important, c’est de construire l’avenir. Quand j’ai été nommé adjoint aux sports, une vingtaine de clubs étaient adhérents à l’USC. Deux en étaient sortis. Avec le service juridique de la commune, on a rédigé des statuts et je les ai présenté lors d’une réunion avec les clubs membres de l’USC et lors d’une réunion avec les autres clubs.

Ensuite, on a encore eu deux réunions, cette fois avec tous les clubs. Un seul club n’était pas d’accord.
-Au départ, au moins 4 clubs ne voulaient pas adhérer
-A.R. : Les 4 clubs dont vous voulez parler étaient tous des clubs du Cros. Et trois d’entre eux ont fini par adhérer. La première de leurs demandes, c’était de garder leur maillot du Cros, je leur ai dit OK.
-Est-ce qu’ils n’ont pas fini par adhérer parce que la municipalité menaçait de priver les non-adhérents de l’aide accordée par la commune ?
-A.R. :
Les présidents de deux de ces clubs se sont portés candidats pour être vice-présidents de la nouvelle USC et ils ont été élus. Croyez-vous qu’ils l’auraient fait s’ils avaient été contraints d’adhérer ?
-Au conseil municipal de ce vendredi, la municipalité a dit que les clubs étaient libres d’adhérer. Mais le sont-ils vraiment dans la mesure où la municipalité leur coupe leur subvention s’ils n’adhèrent pas ?
-A.R. :
Ils étaient prévenus. C’est la commune qui accorde ses subventions selon des critères fixés par la municipalité. Mais à l’intérieur de l’USC, les clubs sont totalement libres
-Une municipalité peut-elle refuser une subvention à une association parce qu’elle refuse d’adhérer à une union de clubs ? Est-ce légal ?
-A.R. :
Si la San Peire veut le contester juridiquement, qu’elle le fasse
-La San Peire organise les processions religieuses de Stella Maris et de la Saint-Pierre alors que les statuts de l’USC interdisent « toute manifestation ou discussion présentant un caractère politique ou religieux »
-A.R. :
Ce n’est pas vraiment religieux, mais plutôt traditionnel et patrimonial. Mais de toute façon la municipalité leur a proposé un solution en distinguant leurs activités sportives d’une part, de Stella Maris et de la Saint-Pierre d’autre part
-Ce vendredi en conseil municipal, on vous a entendu dire que la San Peire allait adhérer, ce que le président de l’association dément
-A.R. : Je n’ai pas dit qu’ils étaient sur le point d’adhérer, j’ai dit qu’un jour ils viendront.
-Ce n’est pas ce que tout le monde a compris
-A.R. :
Je vous assure que c’est pourtant ce que j’ai dit
-La San Peire n’a pas seulement été privée de sa subvention annuelle de fonctionnement de 12000 euros, mais aussi de matériel pour organiser deux compétitions sportives (1)
-A.R. : Dès janvier le président de la San Peire savait qu’on leur dirait non pour le matériel et pour la subvention s’ils n’adhéraient pas. C’est le maire qui décide.
-Privée du matériel de la commune, la San Peire a dû renoncer à accueillir la 3e manche du championnat de rame traditionnelle. Soit 60000 € de retombées économiques en moins pour Cagnes, selon elle
-A.R. :
Qu’elle le prouve. Pour les triathlons, la commune a des chiffres assez précis, mais parce qu’on sonde les participants.
-La municipalité donne l’impression de vouloir à tout prix que la San Peire entre dans l’USC. Pourquoi?
-A.R. :
Pas du tout, on leur tend la main. Pourquoi s’obstinent-ils à ne pas vouloir entrer dans l’USC alors que ça ne leur enlève pas leur liberté et que ça leur apporte de nombreux avantages ? Je suis malheureux de voir des choses pareilles. Je me pose la question : est-ce que ce n’est pas politique ? En tout cas, on peut se demander si certains ne cherchent pas à instrumentaliser ça politiquement
-Le maire n’a jamais voulu répondre lui-même au président de la San Peire, ni le recevoir ? Pourquoi ?
-Il m’a nommé adjoint aux sports et il m’a laissé gérer la situation.

  1. La 3e manche du championnat de France de rame traditionnelle le 23 avril 2023 et le Défi interentreprises le 11 juin 2023
-Le maire n’a jamais voulu répondre lui-même au président de la San Peire, ni le recevoir ? Pourquoi ? -Il m’a nommé adjoint aux sports et il m’a laissé gérer la situation.