Aurait-il fallu que le conseil municipal vote la hausse du prix des cantines ?
A quel conseil municipal avons-nous voté la hausse des tarifs des repas de cantine des écoles ? » C’est la question que Philippe Touzeau-Ménoni a posé au maire de Cagnes Louis Nègre lors du conseil municipal de ce 6 octobre 2022. Une question qui a eu le don d’agacer ce dernier. Mais l’opposant avait-il vraiment tort ?
« Vous dites ‘‘C’est pas passé au conseil municipal, c’est illégal’’. Eh bien c’est faux. C’est la Caisse des écoles, qui est autonome, qui décide des tarifs et pas la commune », a affirmé le maire en se moquant de l’élu de l’opposition, qu’il a accusé une nouvelle fois de « raconter tout et n’importe quoi. Et vous vouliez être maire ? A ce niveau de compétence, j’en suis baba. Si vous ne connaissez pas le B-A-BA des collectivités locales, il faudrait que vous vous formiez ».
« Ça a été validé par le préfet », a affirmé pour sa part Chantal Germain, l’adjointe au maire déléguée à l’Education.
Un vote du conseil municipal nécessaire selon le Conseil d’Etat
Or Philippe Touzeau-Ménoni s’appuie sur le site Internet du ministère de l’Education nationale et sur une décision du Conseil d’État du 11 juin 2014 selon laquelle lorsqu’une commune confie la gestion de la restauration scolaire, c’est à son conseil municipal et non au conseil d’administration de la caisse des écoles, qu’appartient le soin de fixer les tarifs demandés aux usagers de la cantine. Même si les caisses des écoles constituent des établissements publics communaux dotés de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Selon l’article R. 531-52 du code de l’éducation, les tarifs de la restauration scolaire fournie aux élèves des écoles maternelles et élémentaires de l’enseignement public sont fixés par la collectivité qui en a la charge (1).
Un avis qui mériterait peut-être d’être pris en compte
Si l’augmentation du prix du repas pour les familles nécessite une décision de la commune, alors il fallait effectivement qu’il y ait un vote en conseil municipal, comme l’a fait observer Philippe Touzeau-Ménoni.
Louis Nègre est certes maire de sa commune depuis 27 ans, comme il l’a rappelé lors de ce conseil municipal. Il se targue par ailleurs régulièrement d’être un légaliste. Mais en l’occurence, qui dit vrai ? Et cela justifie-t-il une telle réponse à un élu, d’opposition ou pas ?
Peut-être lourd pour les parents, mais incontournable selon la mairie
Sans contester la nécessité d’augmenter le prix du repas de cantine pour les parents compte tenu de l’augmentation du prix des denrées et de l’énergie, Philippe Touzeau-Ménoni s’est par ailleurs montré inquiet du poids d’une telle hausse pour les parents.
Il s’est aussi étonné que les parents n’aient été informés que le 1er septembre, alors qu’ils avaient déjà inscrit leurs enfants, alors que la décision a été prise par le conseil d’administration de la caisse des écoles fin juin.
Selon Chantal Germain, adjointe au maire déléguée à l’Education, le préfet a validé la hausse des prix de la cantine décidée par le conseil d’administration de la Caisse des écoles (Photo ci-contre)
1-Le Conseil d’Etat a considéré en conséquence que la circonstance qu’une caisse des écoles serait responsable de la gestion du service de la restauration scolaire ne saurait faire obstacle à la compétence du conseil municipal pour déterminer les tarifs de la restauration scolaire dans les écoles maternelles et les écoles élémentaires. Et le Conseil d’Etat ajoute que cette compétence du conseil municipal ne méconnaît pas le principe d’autonomie des caisses des écoles.
Un conseil qui n'aura duré "que" 4h19
« On n’en est qu’à la 2e déliberation et il est 18h30, s’est plaint Louis Nègre pour couper court à l’intervention de Philippe Touzeau-Ménoni sur les prix de la cantine. Le maire n’a toutefois commencé l’ordre du jour du conseil municipal qu’après deux heures d’« informations » sans rapport avec cet ordre du jour… comme il a coutume de le faire quasiment à chaque conseil municipal. Cependant l’assemblée communale de ce 6 octobre n’aura duré que 4h19 alors que certains conseils sont allés jusqu’à huit heures.