Réunion sur les Villas fleuries : Nègre échoue à passer en force
Venu ce 28 mars 2025 à la réunion publique que la Casa du Cros avait organisée pour promouvoir son contre-projet des Villas fleuries, le maire de Cagnes s’est efforcé en vain de discourir en faveur de son propre projet
Décidément incorrigible ! Le maire Louis Nègre a voulu profiter de la réunion publique organisée par l’association La Casa du Cros pour la transformer en tribune en faveur de son projet de logement collectif d’une vingtaine de foyers en face des Maison de pêcheurs des Villas fleuries au Cros-de-Cagnes. Mais il est tombé sur un os : ni les organisateurs, ni la majorité du public ne l’ont laissé violer les règles qui avaient été rappelées en début de réunion, et que tout le monde devait respecter.
Ces règles voulaient qu’on se limite à poser des questions sur le projet alternatif de la Casa du Cros. Des questions courtes. Il avait également été rappelé qu’aucun représentant politique n’avait été invité, et que les personnes présentes n’étaient là

qu’en tant que citoyens et citoyens, en aucun cas en qualité d’élus ou d’élues.
L’assistance a malgré tout eu droit au spectacle sidérant d’un maire faisant le forcing pour placer son laïus en dépit des règles rappelées et acceptées par tout le monde en début de réunion. Paralysant la séance, empêchant d’autres Cagnois et Cagnoises de poser leurs questions, tout en invoquant le respect de la démocratie ! Et en restant planté debout devant la tribune en dépit de l’invitation des organisateurs à se rasseoir comme tout le monde.

Nouvelle tentative
Louis Nègre a même tenté d’intervenir à nouveau lors de la deuxième séries de questions. Très habilement, il a fini par se contenter d’interroger : « M.Woignier, quand mettrez-vous vos actes en accord avec vos paroles ? ». Sybilline, la question était adroite car elle a obligé le président de La Casa du Cros à redonner le micro au maire pour qu’il la rende compréhensible. Ce que voulait dire le maire : « Les habitants des Villas fleuries sont les premiers à ne pas respecter le guide architectural en ajoutant des bow-windows et des vérandas, et autres transformations non respectueuses des maisons de pêcheurs telles qu’elles étaient à l’origine ». La Casa du Cros a répondu en renvoyant fort logiquement le maire à ses propres contradictions (lire ci-dessous).
Malgré cela, Jean-Pierre Woignier a réussi à tenir le cap et la réunion a pu se poursuivre. La durée prévue de la séance a été dépassée d’une demi-heure, mais cinq autres personnes du public ont pu poser leur question.
Départ du maire avant la fin
Le maire a finalement décidé de partir avant la fin de la réunion publique, immédiatement suivi par son chef de cabinet Alain Lucas et par les nombreux élus de sa liste présents dans l’assistance. Cela ne l’a toutefois pas empêché de s’arrêter au fonds de la salle pour discuter à haute voix avec le député Bryan Masson… qui, lui, s’était abstenu de prendre la parole durant la réunion.
Photos : En plus des efforts des organisateurs, il a fallu les huées de la salle pleine pour que le maire n’impose pas son discours. Et laisse d’autres personnes poser à leur tour des questions. Mais il est resté debout jusqu’à son départ. (Clichés L.Q.)
Le maire était pourtant prévenu avant la réunion
Jean-Pierre Woignier avait averti Louis Nègre avant la réunion, comme en témoigne l’article de Nice-Matin du 27 mars :
« Si vous souhaitez y participer, vous serez naturellement le bienvenu, mais dans les mêmes conditions que tous les citoyens présents. »
« Après trois années d’ignorance de nos propositions et de refus d’envisager sérieusement notre projet de substitution, je peine à voir l’intérêt réel d’un débat au cours de cette réunion (…) Si votre intention est simplement de justifier un projet déjà verrouillé, cette discussion n’aura d’autre utilité que de masquer l’absence de concertation qui a prévalu jusqu’ici. »
Louis Nègre a néanmoins voulu passer en force. Sans succès.
Le président de La Casa du Cros a pour sa part jugé « urgent d’ouvrir un véritable dialogue avec la municipalité, ce qu’elle a toujours refusé jusqu’à présent. Organisons ensemble un référendum qui permettra aux Cagnois et aux Crossois de décider. Et nous pourrons débattre publiquement vous et moi. »
Lors de la manifestation du 8 mars devant la mairie annexe du Cros-de-Cagnes, le président de la Casa du Cros avait demandé un entretien en tête-à-tête. Le maire n’avait pas donné suite et voulait un débat lors de la réunion publique de 28 mars, proposition que Jean-Pierre Woignier avait à son tour décliné.
Deux recours déposés contre le permis

Le projet de la municipalité : villas vraiment miroirs, ou médiocres pastiches des maisons de pêcheur des Villas Fleuries ?
Deux recours ont été déposés devant le tribunal administratif contre le permis de construire accordé par le maire en janvier 2025.
Durant la réunion, Jean-Pierre Woignier ne s’est pas privé de critiquer l’attitude de la municipalité au sujet des Villas fleuries :
-Pourquoi vouloir à tout prix imposer des logements sociaux dans un secteur où ce n’est pas une obligation ?
-Il va défigurer l’allée des Villas fleuries et porter atteinte aux maisons de pêcheur du point de vue du patrimoine
-« Vous voulez faire disparaître le cafoutchou de l’espèce de terrain vague qui sert de parking, nous aussi. Mais qui en est responsable ? Vous, car c’est un terrain municipal depuis des années et jusqu’à

présent, vous n’aviez rien fait pour l’améliorer ».
-Les « villas miroirs » vantées par la municipalité ne sont qu’un immeuble de logements accolés qui sont loin de ressembler aux maisons de pêcheur d’en face.
-Le projet va à l’opposé de la volonté et des objectifs métropolitains de végétalisation, de suppression des ilôts de chaleur et de désartificialisation des sols.
-Il ne respecte même pas les préconisations du guide architectural patrimonial publié en 2016 à l’initiative de la mairie sans concertation avec les riverains.
-La hauteur des « villas-miroirs » dépasserait d’1,50 m celle des Villas fleuries, elles comporteraient un étage alors que les Villas fleuries sont de plain pied.
-Il y a des risques de déstabilisation des Villas fleuries qui n’ont pas de vraies fondations.
-Il y a des risques d’inondation comme cela s’est produit pas très loin lors de la construction de la résidence Cahna Mare.
-La municipalité a voulu faire croire que son projet avait l’assentiment de la majorité des habitants des Villas fleuries, soit 9 sur 17, alors qu’en réalité c’est la majorité des lots et des millièmes qui compte, et que 11 lots sur 20 y étaient défavorables.

-L’assentiment de deux propriétaires a été obtenu après du porte-à-porte par des élus de la majorité municipale qui leur ont fait miroiter une réfection de la chaussée, un enfouissement des lignes électriques et des places dans le futur parking souterrain du projet Erilia. Ces deux propriétaires ont fait marche arrière et la majorité contre le projet de la municipalité est montée à 13 lots sur 19, le 20e s’étant abstenu.
-Le projet de la municipalité et d’Erilia va créer 22 nouveaux logements qui ne seront pas tous attribués à des foyers cagnois. Il ne bénéficiera donc qu’à quelques Cagnois en défigurant un patrimoine d’intérêt général et sans prévoir d’infrastructures dont tous les habitants du quartier ont besoin.
« Rejoignez-nous » a conclu Jean-Pierre Woignier. « Et posez vos questions sur casaducros.fr »
Photos : Le président de l’association organisatrice La Casa du Cros Jean-Pierre Woignier a confirmé que des recours ont été déposés contre le permis de construire. Le maire a de son côté été accueilli en tant que simple citoyen comme tout le monde et a été prié de respecter les règles fixées, et acceptées par tous en début de réunion. (Clichés L.Q.)
La suite de nos articles sur cette réunion ce lundi 31 mars.