Retour victorieux de la Porteuse de jarre à Biot
La sculpture emblématique de la commune a repris sa place devant la gare… grâce à un bel effort conjoint des communes de Biot et d’Antibes
La gare de Biot a retrouvé sa statue emblématique de la Porteuse de jarre. Mais cette fois en bronze. Finie la céramique qui avait explosé sous des jets de galets de vandales il y a plus de trois ans. Comme un papillon de sa chrysalide, la nouvelle sculpture a quitté son coffrage en bois ce mercredi 19 mars en fin de matinée. Une trentaine de personnes ont assisté, émues, à son dévoilement officiel par les maires d’Antibes et Biot, Jean Leonetti et Jean-Pierre Dermit.
Un nouvel emplacement pour la statue en céramique restaurée
La statue en céramique amputée de ses bras et de sa jarre en 2021 a de son côté

été restaurée. Le maire de Biot, Jean-Pierre Dermit a annoncé qu’elle devrait prendre place au village sur le Chemin Neuf, où son auteur le sculpteur Marcel Bouraine, a habité jusqu’à son décès en 1948. Avec ses 3,30m, il est difficile de la placer dans un bâtiment. « Ce sera comme notre statue de la Liberté » a dit l’édile.
« Il fallait qu’elle revienne, on n’allait pas baisser les bras face au vandalisme, a enchaîné Jean Leonetti. Maintenant elle devrait résister aux intempéries et aux imbéciles ! »
Les deux maires ont salué le travail de tous ceux qui ont contribué à la renaissance de la Porteuse de jarre, à commencer par Yannick Creste, le responsable de la fonderie d’art Guyot-Creste à Golfe-Juan.
Une statue de bronze qui ne laisse pas de marbre !
Photo : La belle Porteuse de jarre pointe de nouveau fièrement son torse vainement écorché par les « imbéciles » jeteurs de pierres (Photo L.Q.)
Deux statues à Biot au lieu d’une !
Non seulement les vandales imbéciles n’ont pas eu sa peau, mais « dorénavant il y a trois porteuses de jarre ! » s’est réjoui le maire d’Antibes Jean Leonetti.
Les morceaux tombés de la statue en céramique de la gare de Biot n’avaient pas pu être conservés. Pour pouvoir la réparer et la cloner en bronze, il a fallu effectuer une reconstitution 3D à partir de sa réplique… en airain (1) exposée devant le théâtre de Barentin, en Seine-Maritime, à l’autre bout de la France.
Numérisée en 3D puis coulée en bronze
C’est Sidney Cohen, imprimeur 3D à Cannes, connu dans le monde du cinéma, qui l’a fait. C’est ensuite la célèbre fonderie d’art Guyot-Creste de Golfe-Juan qui a coulé la nouvelle statue… en trois ou quatre parties, vu sa taille imposante.
A présent, la Porteuse de jarre biotoise en céramique a donc deux sœurs jumelles en bronze : celle de Barentin, et celle qui a pris sa place devant la gare de Biot.
1-L’airain est synonyme du bronze.
La Porteuse de jarre en bronze de la commune de Barentin en Seine-Maritime. (Photo@Ville de Barentin – propriété de la Ville de Paris)

Une belle coproduction Antibes-Biot

L’opération a été menée conjointement par les communes de Biot et d’Antibes. De Biot parce que la Porteuse de jarre avait été donnée à la commune par le sculpteur Marcel Bouraine, qui a eu une maison à partir de 1920 à Biot, où il est décédé en 1948.
D’Antibes parce que la gare « de Biot » se situe en fait… sur le territoire antibois.
127000 euros TTC
En réalité, c’est surtout la commune d’Antibes qui s’est retrouvée à la manoeuvre. D’une part parce que Biot lui a concédé la maîtrise d’ouvrage. Et d’autre part parce qu’Antibes a financé plus des trois quarts de la dépense.
Estimée à 146000 euros HT initialement, l’opération aura finalement coûté 127000 euros TTC : 6000 euros TTC pour la numérisation de la réplique de Barentin qui a servie de modèle, 78000 euros TTC pour la fonte de la nouvelle sculpture en bronze, et 43000 euros TTC pour la restauration de la statue d’origine en céramique. 127000 euros auxquels il faut toutefois ajouter les frais de rénovation de l’espace d’implantation de la statue qui en avait bien besoin. (Photo L.Q.)
Bouraine, un grand sculpteur méconnu
Elève du sculpteur Falguière dont le nom a été donné à une place et à une station de métro à Paris, Marcel Bouraine a aussi travaillé avec Rodin.
Dans les années 1920, il était considéré comme l’un des sculpteurs les plus représentatifs de l’Art déco.
De nombreuses sculptures dans les Alpes-Maritimes
Installé à Biot de 1920 à 1948, il a a produit de nombreuses œuvres qu’on peut encore voir dans la région. Notamment à Cannes une fontaine avec une femme accroupie, une stèle en hommage à l’aviateur Jean Champsaur. A Cagnes une Baigneuse endormie en hommage au peintre Renoir. Ou encore à Menton, le buste de l’écrivain espagnol Blasco Ibanez.



La Baigneuse endormie de Cagnes.
La « Fontaine Bouraine » à Cannes.