Le Cercle cagnois attaque « le grand bétonnage »
Préparé à déposer un recours contre le projet immobilier soutenu par le maire à la Villette, il présente un projet alternatif dans son premier magazine qu’il diffuse à 5000 exemplaires
Créé depuis le printemps dernier, le Cercle cagnois passe à l’offensive. Il distribue à 5000 exemplaires le premier numéro de son magazine. Sur un sujet explosif à Cagnes : le « bétonnage » et le logement. Des membres du Cercle se sont réunis il y a quelques jours avant de le distribuer en ville.
« Comment le maire peut-il se réjouir que les loyers grimpent en flèche à Cagnes ? », tonne le président du Cercle, Jean-Pierre Woignier. « Comment peut-on bétonner 500 logements et des parkings souterrains sous immeubles à 20 mètres de la Cagne alors que les inondations sont de plus en plus meurtrières ? Et alors que les objectifs nationaux sont de parvenir à zéro artificialisation nette des sols. Et comment
peut-on ajouter 1000 voitures dans ce quartier où la circulation est déjà engorgée ? » ?
Un recours contre le projet du maire
Jean-Pierre Woignier annonce qu’un recours sera enclenché contre le permis de construire dès qu’il sera déposé si le maire ne le retire pas.
Le Cercle cagnois cible clairement le projet phare de Louis Nègre d’écoquartier à la Villette qui avait déjà suscité tant de remous et que le maire s’était efforcé de rendre plus acceptable après avoir sifflé une sorte d’arrêt de jeu entre les deux tours de la dernière élection municipale.
« Acte de donation transgressé »
Dans son carquois, le Cercle cagnois fourbit d’autres flèches. « Dans les années 1940, la famille Audibert-Martel avait fait don d’une très grande partie des terrains de la Villette sous la condition expresse qu’ils soient utilisés à des fins sportives pour les générations futures. Comment peut-on transgresser cet acte de donation ? »
Le Cercle rappelle aussi ironiquement que Louis Nègre avait été élu maire en 1995 contre le précédent projet de bétonisation à la Villette promu par sa prédécesseure Suzanne Sauvaigo. Les temps changent, les gens aussi ? Les projets immobiliers, eux, sont toujours là, et les promoteurs ne lâchent pas le morceau.
Illustration : Le Cercle cagnois dénonce le projet de 490 logements présenté par le maire pour la Villette, dont il montre deux aperçus dans son magazine n°1.
Un nombre de logements qui n’a baissé que de 10 %
De 543 logements au départ, il n’a finalement été diminué que de 10 % pour rester à 490.
Le Cercle cagnois propose 3 à 4 fois moins.
Le contre-projet du Cercle pour la Villette
Au lieu du « bétonnage intensif » prévu par le maire, le Cercle cagnois propose une alternative. Transformer la plus grande partie du terrain de parking actuel en un espace vert, et réduire les 490 logements prévus dans les nouveaux immeubles à une centaine, regroupés côté cours du 11-Novembre. Inversement le centre culturel et la salle de spectacles lui paraissent « sous-dimensionnés ». « La municipalité s’est inspirée de la salle de Marcq-en-Baroeul, qui est très belle , mais qui a été conçue pour une population de 38000 habitants alors que Cagnes en compte actuellement plus de 52500 ».
Dessin d’architecte montrant le projet alternatif présenté par le Cercle cagnois pour la Villette.
Un Cercle « pour que les Cagnois soient entendus »
Le Cercle cagnois se présente comme un « collectif de citoyens engagés » faisant des « propositions novatrices » pour « répondre aux véritables besoins des Cagnois ». Cette association créée au printemps 2024 est présidée par Jean-Pierre Woignier après l’avoir été par Christian Etienne. Jean-Pierre Woignier est connu à titre personnel dans la région pour avoir dirigé les magazines mensuels d’informations locales sur les sorties et les loisirs « Proximité » puis « Sortez ». Ce Crossois milite depuis 2020 contre un projet immobilier collectif avec des logements sociaux soutenu par le maire dans l’allée des Villas fleuries en face des anciennes maisons de pêcheurs du Cros pourtant dé-
-clarées « éléments remarquables » à protéger dans le Plan local d’urbanisme.
« Apolitique et ouvert à toutes et tous »
Le Cercle cagnois se veut apolitique et ouvert à toutes et tous. Son « objectif premier est de préserver l’identité locale et la qualité de vie des Cagnois en refusant que Cagnes devienne une simple extension de Nice, victime d’une urbanisation excessive ». « Depuis longtemps, les Cagnois ont du mal à s’exprimer. Nous voulons être un aiguillon pour qu’ils soient écoutés, entendus et que les choses avancent dans le bon sens ».
50 adhérents et 600 « followers »
Selon Jean-Pierre Woignier, le Cercle compte une cinquantaine d’adhérents mobilisés « actifs, étudiants et retraités » de toutes professions. Il « bénéficie d’un staff technique et professionnel dans les domaines juridique, social, des bâtiments et de l’urbanisme ». Il est déjà suivi par plus de 600 personnes sur sa page Facebook.
Douze commissions de travail
Il a créé douze commissions de réflexion et de propositions sur les thèmes suivants : quartiers ; administratif ; école et jeunesse ; sociale et santé ; travaux, logement et urbanisme ; environnement ; sécurité ; économie et formation ; communication, affaires culturelles ; tourisme ; sports.
www.lecerclecagnois.fr
lecerclecagnois@gmail.com
Quelques adhérents du Cercle cagnois avant une distribution de leur premier magazine dans le centre de Cagnes. (Photo L.Q.)
« D’autres solutions pour le logement »
Le Cercle cagnois demande un audit pour utiliser les « 600 lots immobiliers dont dispose la commune » afin qu’y soient réalisées des opérations de construction ou de réhabilitation de logements, opérations dont elle aurait le contrôle via des sociétés d’économie mixte.
Autres propositions : favoriser la mise en location des logements privés vacants, question sur laquelle la municipalité a déjà commencé à travailler ; utiliser les dispositifs LLI (logements locatifs intermédiaires) et BRS (bail réel solidaire)…
« Les Cagnois en priorité »
L’idée est d’utiliser au maximum les dispositifs existants qui permettent de réserver les nouveaux logements aux Cagnois.
« Avant d’attirer de nouveaux arrivants, une commune doit d’abord se préocccuper des besoins de ses habitants actuels », estime le Cercle cagnois.
Et ensuite ?
Le Cercle cagnois ne compte pas s’arrêter là. D’autres numéros de son magazine sont prévus. Un numéro 2 sera diffusé dans les prochains mois sur un autre thème.
Parmi les autres combats de l’association :
–« Non au projet d’immeuble face aux Villas fleuries » : Le Cercle cagnois conteste également le projet de construction d’un immeuble juste en face des anciennes maisons de pêcheurs du Cros allée des Villas Fleuries, que le maire avait pourtant lui-même classées « éléments remarquables » à protéger au Plan local d’urbanisme. L’association a proposé un projet alternatif dont « le maire n’a tenu aucun compte ».
–« Remplacer le stade du Cros par une salle de sports » : Le Cercle cagnois s’oppose à la suppression du stade du Cros, que le maire destine lui aussi à être en partie bâti.
Il propose de le remplacer par une salle de sports et de loisirs, moins bruyante et nécessaire au Cros.
–« Pas de tramway mais un bus BHNS » : Le Cercle cagnois remet en cause le projet de tramway, l’estimant trop coûteux, trop long à mettre en place, et nécessitant des expropriations. Le Cercle préfère la mise en place « beaucoup moins coûteuse, moins contraignante et beaucoup plus rapide » d’un BHNS, bus à hydrogène à haut niveau de service sur des voies réservées.
-« Enlever la gestion du stationnement sur voirie aux privés » : Le Cercle cagnois préconise la mise en régie municipale du stationnement payant sur voirie.
Jean-Pierre Woignier, actuel président du Cercle cagnois. (Photo L.Q.)