Municipales de Cagnes : et si ce n’était ni Nègre ni le RN ?
Déjà trois candidats face au maire sortant : le RN, la gauche et un outsider qui pourrait surprendre, Philippe Touzeau-Ménoni. De son côté, le Cercle cagnois fait 80 propositions aux habitants et aux candidats
Masson entré officiellement dans l’arène, les municipales à Cagnes se réduiront-elles à un duel Nègre-RN ? Deux autres candidats viennent de se déclarer eux aussi, avec la volonté de sortir de ce cercle infernal « Le sortant ou l’extrême-droite » dans lequel la France est engluée depuis des décennies : Cédric Garoyan à gauche, et Philippe Touzeau-Ménoni, l’indépendant qui veut apporter une bouffée d’oxygène au-dessus du marigot des partis.
Les pièces commencent à se mettre en place pour les prochaines élections à Cagnes. En dix jours, trois candidats sont entrés en lice : Bryan Masson, Cédric Garoyan et Philippe Touzeau-Ménoni.
Tous pensent avoir davantage de chances qu’en 2020, où les élections avaient été biaisées par le coronavirus, et où Louis Nègre n’avait été réélu qu’au ras des pâquerettes avec moins de 50 % des voix au second tour, et une forte abstention.
Le maire sortant aura 79 ans au moment du scrutin, mais à part quelques lapsus lors des conseil municipaux et d’étonnants oublis pour un maire en poste depuis trois décennies (1), il a toujours répété que son envie et son énergie étaient intactes pour diriger la commune.
1-En 2022, le maire élu depuis 1995 ne semblait pas savoir que les augmentations de tarifs des cantines devaient faire l’objet d’une délibération du conseil municipal (https://dencreetdazur.org/cagnes-une-hausse-de-la-cantine-sans-vote-du-conseil-municipal/).
Photo : A gauche, la tête de liste sera Cédric Garoyan. Au centre, l’indépendant Philippe Touzeau-Ménoni mènera sa propre liste. A droite le député Bryan Masson est soutenu par le RN et par Josy Piret.
Sortir des impasses politiques
-Bryan Masson a été le premier à se déclarer officiellement pour déboulonner Louis Nègre. Déjà député de la 6e circonscription élu une première fois en 2022 avec 51,35 % des voix à Cagnes, puis réélu dès le premier tour en 2024 avec 50,85 %, il bénéficie en plus pour ces municipales du soutien de Josy Piret, l’ancienne 1re adjointe de Louis Nègre, qui avait attiré plus de 34 % des voix au second tour en 2020. Josy Piret dit ne pas avoir encore adhéré à l’UDR mais répète qu’elle est proche d’Eric Ciotti.
-Cédric Garoyan a été le deuxième opposant à Louis Nègre à entrer en lice. Professeur de français, comédien et metteur en scène, il avait déjà mené une liste de gauche aux dernières municipales en 2020. Mais il avait été éliminé au premier tour, un échec certainement lié aux voix parties sur la liste écologiste autonome de Michel Géraud et Martine Gibelin. Cette fois, la gauche sera-t-elle vraiment unie ? Michel Santinelli, l’éternelle figure historique du Parti communiste cagnois, le jure : « Nous avons avec nous le PS et les écologistes, et trois LFI figurent sur notre liste ». Michel Santinelli avait réussi à faire monter la gauche à plus de 26 % lors des municipales de 2001, mais un quart de siècle s’est écoulé, et la commune a beaucoup changé.
–La stratégie du maire sortant Louis Nègre n’a rien de nouveau. C’est celle de Chirac et de Macron : se présenter comme le seul à pouvoir faire efficacement barrage au Rassemblement national. La gauche lui dispute ce combat en clamant être la seule vraie opposition au RN. Et si la solution de l’équation se trouvait ailleurs ? En dehors des partis, un élu rassembleur qui mouille le maillot tous les jours au côté des Cagnoises et des Cagnois ? C’est en tout cas ce que revendique le 3e nouveau candidat Philippe Touzeau-Ménoni, élu municipal d’opposition depuis cinq ans dans le groupe Union pour Cagnes. Il compte bien faire entendre sa voix et ne pas laisser la bataille électorale se résumer à un duel Nègre-RN.
De multiples questions
-Le déconcertant Pierre Piacentini viendra-t-il encore troubler le jeu en prenant à nouveau l’étiquette Ecologie au centre, le mouvement de Jean-Marc Gouvernatori ? Après avoir été élu sur la liste Nègre en 2008, puis avoir annoncé deux ans plus tard qu’il abandonnait la politique, puis y être revenu l’année suivante, il avait fait des appels du pied en 2020 à gauche comme à l’extrême-droite avant de figurer en 3e place sur la liste Cagnes Ecologie… Liste qui avait échoué au 1er tour avec seulement 8,36 % des voix.
Or pour les élections municipales de 2026, Les Ecologistes (nouveau nom d’Europe Ecologie les Verts) ne veulent plus faire liste commune avec Ecologie au centre, et Pierre Piacentini n’a fait que 3,71 % à Cagnes lors des dernières élections, les législatives de 2024.
-La multiplication des listes d’opposition ne risque-t-elle pas de permettre une fois de plus à Louis Nègre de diviser pour continuer à régner ? En se maintenant toutes les deux au second tour lors des élections de 2020, les listes Piret et RN avaient ouvert un boulevard au maire sortant qui avait effectivement été réélu. Désunion = défaite des oppositions.
Pour les élections municipales de 2026, les opposants à Louis Nègre pensent que le maire sortant obtiendra beaucoup moins au premier tour que ses 39,81 % de 2020, ce qui le fragiliserait davantage. Mais tout risque à nouveau de se jouer au second tour.
-Quels programmes ? Il ne suffit pas de vouloir sortir le sortant, encore faut-il avoir un vrai programme. Mais là, certains candidats pourraient créer la surprise.
-Et Jean-Pierre Woignier et le Cercle cagnois ? Bien que se clamant apolitique, le Cercle cagnois lancé et présidé par Jean-Pierre Woignier pourrait aussi influer sur la campagne. Son catalogue d’idées recense actuellement 80 propositions, mais il pourrait encore en faire de nouvelles. Avec toutefois un bémol non négligeable : le chiffrage de leur coût, qui reste à réaliser.
Le Cercle soumet ses propositions et ses demandes à toutes les listes en annonçant qu’il soutiendra celle qui répondra le mieux à ses aspirations. La liste de Bryan Masson ? Jean-Pierre Woignier avait laissé entendre qu’il pourrait monter sa propre liste si les propositions et demandes du Cercle n’étaient pas suffisamment entendues par les candidats.