Les opposants au projet immobilier des Villas fleuries portent plainte
Leur bâche-maquette en grandeur réelle semble déranger. Les promoteurs du projet l’ont fait disparaître. En brisant des tasseaux et en découpant son bord lors du démontage
La bataille contre le projet immobilier en face des maisons de pêcheurs du Cros-de-Cagnes vire au pénal. Les défenseurs du quartier ont déposé plainte en accusant le constructeur Erilia d’avoir démonté la reproduction grandeur réelle d’une partie du projet qu’ils avaient installée sur son futur emplacement dans l’Allée des Villas fleuries.


La bâche-maquette ‘‘échelle 1’’ montrant l’impact visuel des «villas-miroirs » ou « villas-pastiches ».
Le démontage photographié en direct.
(Photo La Casa du Cros).
Les opposants au projet immobilier de 15 logements ne manquent pas d’idée. Ils avaient dressé une bâche-maquette de 6 mètres sur 5 mètres reproduisant une partie du projet à l’endroit où il doit être implanté. Cela n’a pas été du goût des promoteurs du projet (1). Résultat: deux jours seulement après, la bâche était par terre, « son bord découpé au cutter », et ses supports en bois en partie cassés.
1-Le maître d’ouvrage est le constructeur et bailleur social Erilia. Le permis de construire a été accordé par la municipalité de Cagnes
La Casa du Cros dénonce « Une attaque injustifiée à l’expression citoyenne et une atteinte au droit »
Contactés, ni Erilia ni la municipalité n’ont répondu à notre demande d’informations. En revanche, le collectif La Casa du Cros ne s’est pas privé d’en parler sur sa page Facebook. Il dénonce « une attaque injustifiée contre l’expression citoyenne », une « atteinte au droit » et une « démolition sauvage ». « Ils auraient dû nous adresser un courrier pour demander le retrait. Au lieu de cela, ils ont décidé de faire justice eux-mêmes, dans un total mépris du droit », clame Jean-Pierre Woignier, président de La Casa du Cros. «Le matin du 2 avril, un voisin m’a averti que trois hommes étaient en train de démonter la bâche. La personne qui semblait être responsable m’a dit agir pour Erilia et avoir reçu l’ordre de démonter cette

bâche. Nous avons immédiatement appelé la police nationale. Trois agents sont venus constater la scène et ont pris les identités des différentes personnes présentes, dont la mienne et celle du représentant d’Erilia ».
« Un climat d’intimidation »
La Casa du Cros dénonce « un climat d’intimidation croissant contre les citoyens et les associations qui osent s’opposer aux projets immobiliers destructeurs. » Elle demande : « Qui en réalité a ordonné cette démolition sauvage ? Jusqu’où iront-ils pour faire taire les opposants au projet ? »
Photo : Jean-Pierre Woignier, président du collectif La Casa du Cros, devant les tasseaux en partie cassés et la bâche au bord découpé. (Photo L.Q.)
« Nous allons la remettre en place chez nous »
Les promoteurs du projet immobilier reprocheront peut-être aux opposants d’avoir posé directement leur bâche sur la façade d’un des garages du terrain sur lequel Erilia a déposé son permis de construire. « Nous avions procédé ainsi par sécurité et sans abîmer des bâtiments qui de toute façon doivent être démolis. En revanche, eux, ils ne sont pas privés de casser une partie de nos tasseaux et de découper le bord de notre bâche », déplore Jean-Pierre Woignier.
« Montrer l’impact visuel du projet »
La Casa du Cros a porté plainte au commissariat le surlendemain du démontage. Elle a bien l’intention de remettre en place la bâche aussi rapidement que possible « pour montrer au public l’effet visuel que produira la hauteur des bâtiments du projet immobilier en face de maisons de pêcheurs historiques qui, elles, n’ont pas d’étage ». Mais cette fois « nous placerons la bâche sur une armature qui ne sera pas posée contre les garages. Elle sera posée sur l’allée. L’allée est privée. Elle nous appartient. Pas à Erilia ».