L’Occident et la Syrie : naïveté, aveuglement ou lâcheté ?
Comment les médias occidentaux ont-ils pu se laisser emporter par le mirage d’une Syrie qui deviendrait libre grâce à la victoire militaire de djihadistes d’Al-Qaïda et de Daëch ? Par quel « miracle » les bourreaux auraient-ils pu devenir des agneaux en quelques semaines ?
Il est bien plus probable que le nouveau pouvoir islamiste syrien soit en train d’opérer comme les talibans deuxième version : en n’imposant pas la charia tout de suite brutalement comme ils l’avaient fait la première fois lors de leur prise du pouvoir en 1996, mais en l’introduisant progressivement et insensiblement comme lors de leur retour au pouvoir en 2021. Ce qui reviendra finalement au même : éliminer d’une façon ou d’une autre tous les non-sunnites, et réduire les femmes à l’esclavage en les privant de travail, de parole et d’école et en les ensevelissant sous le voile intégral.

Les journalistes occidentaux s’aperçoivent maintenant que la minorité alaouite commence à être massacrée, et que les libertés des femmes s’amenuisent. Mais c’était tristement prévisible, et il est déjà trop tard : le pouvoir djihadiste est en place.
Les Syriens aspiraient avant tout à la paix, ils risquent d’écoper d’une dictature pire que celle de la famille Assad. Abandonnés par l’Occident.
Lénine disait déjà que les capitalistes vendraient la corde pour les pendre ! Les islamistes radicaux pensent la même chose des occidentaux.
Photo : Ahmed Al Chareh, nouvel homme fort de la Syrie, n’a-t-il officiellement rompu avec Al Qaïda et le djihadisme que pour des raisons tactiques ? (Photo libre de droits Creative Commons/Ministère ukrainien des Affaires étrangères)
Le califat et la charia pas abandonnés
Ahmed Al Chareh (ou Al Charaa) dirige depuis sept ans le secteur d’Idlib sur lequel il règne comme un calife. Certes la vie économique y a repris, mais l’alcool y a disparu, les églises n’ont plus leurs croix et leurs cloches se sont tues, officiellement aucune réglementation vestimentaire n’existe pour les femmes, mais en pratique elles doivent se soumettre à des restrictions… Des habitants soupçonnés d’être des opposants sont emprisonnés et maltraités.
A Damas, après la prise du pouvoir par le groupe islamiste HTS, des flagellations ont eu lieu.
Le ministère des Affaires de la Femme a été réduit à un simple bureau dirigé par Aïcha Debs, de la mouvance des Frères Musulmans, qui a déclaré « Nous n’abandonnerons pas la charia islamique. »
Quant au ministre HTS de la Justice, Shadi al-Waisia, il a lui-même ordonné et supervisé en 2015 à Idlib l’exécution de deux femmes accusées de vie « légère ».
Avant les massacres d’Alaouites de mars 2025, des heurts avaient déjà eu lieu avec la minorité druze lors du Nouvel An le 1er janvier 2025. Et des chrétiens auraient aussi été victimes d’exactions selon le patriarche orthodoxe d’Antioche, Jean X.