La victoire de Trump était écrite d'avance à cause de la vie chère

Il suffisait de regarder la campagne des démocrates pour se rendre compte que ses paillettes et ses stars sont passés complètement à côté

Mettant la main à la pâte, Donald Trump  n’a pas hésité à monter à bord d’un camion-poubelle et à servir lui-même des burgers dans un McDo.
               (Photo Gage Skidmore/ libre de droits Creative Commons)

Kamala Harris n’a pas su conquérir la confiance des Américains sur leurs deux principales préoccupations : le coût de la vie et l’immigration.
               (Photo Gage Skidmore/ libre de droits Creative Commons)

Qu’on le regrette ou pas, finalement Trump avait raison : ses adversaires ont été nuls durant la campagne électorale. Il suffisait de suivre les journaux télévisés  pour savoir que Trump avait de très grandes chances de l’emporter. Pourquoi ? Parce que la population n’avait rien à faire du vote des stars comme Taylor Swift, Beyoncé, Jennifer Lopez, George Clooney, Leonardo di Caprio, et autres. Pour beaucoup d’Américains, les poursuites judiciaires contre Trump passaient au second plan. Ce qui est important pour eux, c’est un logement, un travail et de quoi vivre malgré un coût de la vie qui a flambé en 2022 sans redescendre ensuite.
Davantage confiance dans le milliardaire pour l’économie américaine 
Les Démocrates se sont moqué de Trump quand kil est monté à bord d’un camion d’éboueurs, ou quand il a  servi lui-même des burgers dans un Mc Do. C’est Trump qui devait bien rigoler, car lui, il se montrait au côté des pauvres et de la classe moyenne inquiètes de leur pouvoir d’achat et de leur avenir. Il leur promettait de gagner plus. Et il avait eu un bon bilan économique lorsqu’il était président.
Un bon bilan économique de Biden mais une vie encore trop chère
Les chiffres de la présidence Biden étaient pourtant bons : croissance de 3 %, taux de chômage retombé à 4,1 %, taux d’inflation retombé à 2,4 % en 2023. Mais quand les télévisions tendaient le micro aux Américains dans les rues, très souvent la réponse était : « La vie reste beaucoup trop chère. Trump est un homme d’affaires qui a réussi et il a prouvé qu’il savait faire tourner l’économie ».
Les démocrates ont été jugés -et ont perdu l’élection présidentielle- sur leur bilan économique. Comment ont-ils pu être des ânes à ce point ? Il est vrai que l’âne est historiquement l’animal mascotte de leur parti !

Le coût de la vie et l’immigration

Un sondage de la chaîne de télévision privée NBC News à la sortie des urnes montre que les trois principales préoccupations des Américains sont la démocratie, le coût de la vie et l’immigration.
Les craintes pour la démocratie arrivent en tête (34 % des électeurs). Trois Américains sur quatre estiment qu’elle est actuellement menacée, mais pas pour les mêmes raisons : les démocrates n’admettent pas l’attaque violente contre le Parlement menée par des partisans de Trump en 2021, tandis que les électeurs de ce dernier sont convaincus que les démocrates leur ont volé la victoire en 2016 grâce à des fraudes électorales.
L’économie est la deuxième source de préoccupation (la principale pour 31 % des électeurs).
Le droit à l’avortement (14%) et l’immigration (11%) arrivent ensuite au coude à coude.
La politique étrangère est loin d’être le premier souci des Américains (4%).
Les États-Unis manquent de main-d’œuvre peu qualifiée pour leurs grands projets d’infrastructure. Mais le nombre d’immigrés illégaux à être arrivés sur le territoire américain atteint des records : plus de 2 millions dans la seule année 2022.

Monde : America is back ? Pas vraiment

« America is back ». C’était le slogan victorieux de l’ex-président républicain Ronald Reagan. Lui l’avait prouvé, notamment avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS. Ce slogan avait été repris par le président démocrate Joe Biden, mais sans convaincre les citoyens des Etats-Unis dans ce rôle.
Le slogan de Trump pour cette élection de 2024 s’en rapprochait : « Make America great again ». Là encore c’est la reprise d’un slogan lancé par Ronald Reagan, que Trump s’est carrément approprié au point d’en obtenir la marque déposée dès 2015 !
La réalité avec Trump, c’est plutôt « America

is away » : les Etats-Unis ne sont pas « back », ils ne reviennent pas. Bien au contraire : ils se retirent. Le vrai slogan de Trump est « America first », et tant pis pour le reste du monde.
Rappelons-nous : c’est Trump qui avait initié le retrait américain d’Afghanistan dès 2020. C’est encore Trump qui avait retiré les forces états-uniennes de la Syrie après la victoire sur Daech en abandonnant en rase campagne les Kurdes, qui avaient pourtant permis de venir à bout des terroristes de l’« Etat islamique » au prix de leur sang.
La paix au détriment de l’Ukraine et de l’OTAN ?
Trump menace de ne plus garantir la protection des pays de l’Otan face à la Russie si ses alliés ne financent pas davantage l’alliance atlantique. Pour lui, c’est clair, les Etats-Unis ont beaucoup trop dépensé pour l’Ukraine sans grand résultat, alors que l’Europe n’a pas assez soutenu le pays de Zelenski.
Le futur vice-président de Trump, J. D. Vance, a tout simplement déclaré en septembre : « J’en ai marre de perdre des vies américaines en étant le gendarme du monde ». Et depuis son élection au Sénat, il a toujours voté contre l’aide américaine à l’Ukraine.
Les mains libres pour Poutine en Europe de l’Est ?
Trump va très certainement négocier avec Poutine la paix au détriment de l’Ukraine. Tant de sang et d’argent versés depuis plus de deux ans de guerre pour (presque) rien ? Sans parler de la porte laissée ouverte à Poutine sur l’Europe de l’Est.

Sur la carte : en rose foncé, les territoires ukrainiens conquis par les Russes depuis le début de la guerre déclarée en 2022.
                                                                                                                                
(Carte de Rafal R. sur Twitter/ libre de droits Creative commons)

Un repris de justice président de la première puissance mondiale

Donald Trump a été :
-condamné en 2023 pour agression sexuelle sur l’écrivaine E. Jean Carroll, puis en 2024 pour diffamation contre elle. Donald Trump a interjeté appel ;
-condamné en 2024 pour avoir tenté de faire taire l’actrice pornographique Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, sur une relation sexuelle avec elle via des paiements dissimulés en pleine campagne électorale avant son élection à la présidence des Etats-Unis en 2016. Donald Trump a interjeté appel.
Donald Trump est également :
-poursuivi en justice pour «complot contre les États-Unis» en août 2023 à cause de ses tentatives d’inverser le résultat de la présidentielle 2020 et de son incitation à l’assaut contre le Congrès fédéral le 6 janvier 2021 ;
-poursuivi en justice pour fraude électorale en Géorgie lors de la campagne présidentielle de 2020 ;
-poursuivi en justice pour falsification des comptes de sa campagne en vue de la présidentielle de 2020 ;
-poursuivi en justice pour recel de documents classifiés dans sa résidence après la fin de son premier mandat présidentiel ;
-poursuivi en justice pour surévaluation de ses biens immobiliers afin d’obtenir des prêts plus favorables de banques et de meilleures conditions d’assurance.

Le président qui « empoigne les femmes par la chatte »

« Quand on est célèbre, on peut tout faire avec les femmes, les empoigner par la chatte… » n’avait pas hésité à dire Donald Trump lors d’une conversation avec l’animateur de télévision Billy Bush en 2005.
Révélés par le journal Washington Post durant la campagne présidentielle de 2016, ces propos enregistrés avaient fait scandale, mais n’avaient pas empêché Trump d’être élu chef de l’État.
Cela n’a pas non plus empêché 44 % des électrices américaines de voter pour lui ce 5 novembre 2024.